Prendre de la hauteur
Cette peinture de montgolfière au-dessus du pont de Thorame peut être regardée de diverses manières, un peu comme un évènement dans notre vie.
Elle peut être vue, physiquement, un paysage de montagne avec une montgolfière au milieu, critiquée objectivement ou avec dédain dans le sens technique. Elle peut être vue également avec un sens métaphorique, un besoin de prendre de la hauteur, de s’enfuir vers des sphères plus hautes plus pures… un besoin de respirer. Mais on peut aussi y voir une montgolfière qui avance doucement vers la terre, pour se poser et amener avec elle, un peu de paradis sur terre…
Dans l’interprétation, tout est possible ou presque, mais qui saura dire avec certitude ce que le peindre voulait exprimer, consciemment ou inconsciemment ? A moins de connaitre l’artiste, d’échanger avec lui, nous ne pouvons pas savoir avec exactitude sa pensée au moment de sa création. Est-ce que sa création lui appartient réellement ? Qui l’a inspirée ? Son état d’âme ? Une photographie ? Une envie de liberté ? Un hasard du tableau, une tâche de café à recouvrir ? Un dimanche après-midi pluvieux ?
Dans notre vie, chaque évènement peut être perçu d’une manière ou d’une autre, en fonction de notre état intérieur, de notre conscience, avec objectivité, justesse, avec amour et compassion, avec tristesse ou joie… Nous n’avons jamais tous les éléments qui pourraient nous laisser croire que « nous avons raison » sur notre vision.
Nous n’avons qu’une partie et en prenant un peu de hauteur,
en se détachant de notre petit « moi » ou émotionnel,
nous pouvons nous rapprocher de ce qui est vrai, dans cette peinture comme dans toute œuvre rencontrée.
La prise de recul, nous permet une plus grande ouverture à ce que l’on voit, ce que l’on entend, ou encore ce que l’on perçoit. Notre cœur nous guide, notre intuition nous parle, nos goûts nous gouvernent… Alors comment apprécier une œuvre avec tous ces éléments ?
Les uns seront spontanés, les autres seront réfléchis et cela donnera lieu à des discussions enrichissantes, à condition de savoir prendre de la hauteur, sans condamner son auteur.
Quel que soit l’interprétation, le regard porté, le ressenti, l’échange qui aura lieu avec l’autre, l’œuvre aura servie à donner les mots à celui qui aime partager, elle aura permis pendant un instant de voir autre chose que son propre monde et de changer de vision…